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Marie appelée la Magdaléenne (Marie, Marie-Madeleine)

Site historique consacré à Marie, surnommée "la Magdaléenne" (alias Marie de Magdala, alias Marie-Madeleine)

Combien de femmes au pied de la Croix ?

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Gesù Cristo Crocifisso, la Vergine Addolorata, Santa Maria Maddalena e San Giovanni (Guido Reni, 1617)

XVIII

Qui est qui ?

 

Extrait de : Thierry Murcia, Marie-Madeleine : l’insoupçonnable vérité ou Pourquoi Marie-Madeleine ne peut pas avoir été la femme de Jésus, Propos recueillis par Nicolas Koberich[1], La Vie des Classiques (éditions les Belles Lettres), 2017, p. 42-45.

 

-          Mais êtes-vous bien certain que Marie de Magdala et la mère de Jésus ne sont jamais présentes simultanément dans les évangiles, ni même dans les apocryphes ?

-          Pour les évangiles, je suis catégorique. Dans les apocryphes, cela dépend des textes.

-          Pourtant, dans le tableau de la Passion dressé par Jean, les deux femmes se trouvent clairement réunies. Je cite :

 

Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala (Jean 19, 25).

 

-          Bien sûr… Il s’agit là du seul et unique passage du Nouveau Testament qui semble mettre les deux femmes en présence. Mais ce verset énigmatique contient aussi sa propre clé…

-          Vraiment ? Il me suffit pour ma part de lire ce qui y est écrit…

-          Non. Vous croyez seulement lire ce qui est écrit. Mais il s’agit d’une illusion.

-          On plonge dans l’irrationnel, là…

-          Au contraire. Examinons plutôt ce passage. On lit bien, effectivement, d’un côté : « la mère de Jésus » ; et, de l’autre : « Marie de Magdala ». Jean signale donc que la mère de Jésus est bien présente au Golgotha.

-          Et alors ?

-          En ce cas, comment expliquer qu’aucun des autres évangélistes ne signale cette présence à cet instant décisif ?

-          Je l’ignore. Peut-être, tout simplement, parce qu’elle n’y était pas.

-          Si elle n’y était pas les deux femmes ne seraient donc plus en présence puisqu’il ne resterait alors plus que Marie de Magdala…

-          C’est de la sophistique !… Disons plutôt, alors, qu’elle y était.

-          Elle était sûrement là. C’est la simple décence qui veut, ainsi que Jean l’indique, qu’elle ait été présente à cet instant crucial. Chez Jean, deux des personnages qui se tiennent au pied de la Croix sont présentés comme des parents du condamné : sa mère et sa tante. Cette présence n’a rien d’insolite, au contraire. C’est leur absence, à ce moment précis, qui eût de quoi surprendre : la place naturelle des proches d’un condamné n’était-elle pas, en effet, au pied même du gibet ? Et, si une seule personne aurait dû s’y trouver à ce moment-là, c’était bien sa mère.

-          Donc elle était bien là.

-          Elle devait être là. Mais si elle y était, comment les autres évangélistes auraient-ils pu l’ignorer ?

-          Ils le savaient forcément.

-          Pourquoi n’en disent-ils rien, alors ?

-          Hum. Vous avez sans doute la réponse…

-          Les listes de femmes présentes lors de la Passion, qui figurent dans les évangiles synoptiques, doivent être comparées à celle établie par Jean. En réalité, elles ne sont pas inconciliables. Chez Marc et Matthieu, trois femmes sont présentes au Calvaire, parmi lesquelles Marie de Magdala et Marie mère de Jacques et Joses, appelée « l’autre Marie » chez Matthieu. Comme nous l’avons dit, cette « autre Marie », c’est la tante de Jésus, celle que Jean appelle « Marie (femme) de Clopas ». Nous pouvons donc voir que les quatre évangélistes tombent d’accord sur la présence de ces deux premiers personnages féminins.

-          D’accord. Marc et Matthieu en ajoutent un troisième que Jean omet simplement de signaler…

-          Exactement : Salomé alias la mère des fils de Zébédée, c’est-à-dire de Jacques et Jean, deux des principaux apôtres. Mais on constate surtout qu’à part en Jean 19, 25, où son nom n’apparaît qu’à la fin, Marie de Magdala occupe systématiquement la première place dans les quatre évangiles. « L’autre Marie » – alias Marie de Clopas – est pratiquement toujours citée immédiatement après elle, en deuxième position : excepté en Jean 19, 25 où elle apparaît immédiatement avant. Si l’on compare de nouveau les diverses listes, on s’aperçoit que le couple « Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques », chez Marc et Matthieu, correspond, chez Jean, au binôme : « sa mère, la sœur de sa mère [Marie (femme) de Clopas] ». À « Marie de Magdala » s’est donc substituée, chez Jean, « la mère de Jésus »[2].

-          Ce qui voudrait dire que pour Matthieu, Marc et Luc, Marie de Magdala est la mère de Jésus ?

-          Oui. En fait, les évangiles synoptiques nomment tous Marie de Magdala et à plusieurs reprises, mais sans jamais préciser qu’il s’agit de sa mère. Jean, au contraire, précise que la mère de Jésus est présente au Calvaire tout en paraissant ne pas la nommer. La situation est particulièrement singulière car, habituellement, Jean ne nomme jamais la mère de Jésus alors que, paradoxalement, c’est dans son évangile qu’elle est le plus présente (si l’on excepte les récits de l’enfance…). 

 

[1] Docteur ès Lettres et écrivain.

[2] Voir en annexe le tableau intitulé : Les femmes présentes au Calvaire.

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XIX

Combien de femmes ?

 

Extrait de : Thierry Murcia, Marie-Madeleine : l’insoupçonnable vérité ou Pourquoi Marie-Madeleine ne peut pas avoir été la femme de Jésus, Propos recueillis par Nicolas Koberich[1], La Vie des Classiques (éditions les Belles Lettres), 2017, p. 45-47.

 

-          Mais si nous revenions plutôt sur notre verset de Jean : 

 

Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala (Jean 19, 25).

 

Ce passage paraît bien contredire votre thèse…

-          Au contraire ! Combien, selon vous, y a-t-il de femmes dans ce verset ?

-          Trois… peut-être quatre : comme on peut le voir sur certains tableaux de la Passion.

-          C’est bien ce que la plupart des exégètes ont pensé. Mais, selon cette lecture, établie par recoupement avec d’autres textes, ces trois ou quatre femmes présentes au pied de la Croix se seraient toutes appelées « Marie »…

-          Quatre « Marie » différentes au pied de la Croix !?

-          Mais oui. Ça paraît beaucoup, même pour qui sait que Marie était le nom féminin le plus porté en Palestine à cette époque… Les savants qui ont opté pour quatre femmes ont découpé la phrase de la façon suivante :

 

Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère (A)

Et la sœur de sa mère (B),

Marie, femme de Clopas (C),

Et Marie de Magdala (D).

 

Ceux qui se sont décidés pour trois femmes l’ont découpée comme suit :

 

Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère (A)

Et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas (B),

Et Marie de Magdala (C).

 

Selon cette lecture, plus conforme à la tradition de l’Église, « la sœur de sa mère, Marie femme de Clopas » doit s’entendre d’une seule et même personne.

-          Et quel est le bon découpage ?

-          Ni l’un, ni l’autre. Même si le second est plus proche de la vérité…

-          Alors ? 

 

[1] Docteur ès Lettres et écrivain.

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